Ce mardi 12 septembre, Arte diffusait de nouveau le documentaire d’investigation internationale « Insecticides : Comment l’agrochimie a tuĂ© les insectes ? ».Â
Depuis 1990, la population d’insectes aurait chutĂ© de 75 % en Europe. Aussi captivante qu’alarmante, cette enquĂŞte internationale pointe le rĂ´le des nĂ©onicotinoĂŻdes, des insecticides neurotoxiques, dans le dĂ©sastre Ă©cologique en cours. Il y a trente ans, les automobilistes devaient s’arrĂŞter rĂ©gulièrement pour nettoyer les impacts sur leur pare-brise. Depuis, 75 % des insectes auraient disparu en Europe, menaçant la survie de nombreux Ă©cosystèmes. « C’est la pire extinction de masse que la planète ait vĂ©cue », alerte l’entomologiste amĂ©ricain Jonathan Lundgren. Mais comment expliquer cet effondrement ? Le principal coupable serait Ă chercher du cĂ´tĂ© des nĂ©onicotinoĂŻdes. Apparus au Japon dans les annĂ©es 1990, ces insecticides dits « systĂ©miques », souvent utilisĂ©s en traitement prĂ©ventif des semences, se propagent dans toute la plante pour la protĂ©ger des ravageurs. Plus efficaces que les pesticides pulvĂ©risĂ©s, ils ont Ă©tĂ© massivement adoptĂ©s par les agriculteurs. Leur marchĂ©, dĂ©tenu par une poignĂ©e de multinationales (Syngenta, Bayer-Monsanto, BASF), pèserait ainsi entre 3 et 4 milliards de dollars Ă l’échelle planĂ©taire. Dans le mĂŞme temps, les Ă©tudes scientifiques s’accumulent pour dĂ©noncer les ravages de ces neurotoxiques. Pollinisateurs ou rouages essentiels de la chaĂ®ne alimentaire, les insectes s’Ă©teignent Ă une vitesse record, affectant en cascade les populations d’oiseaux, de poissons et d’amphibiens. La santĂ© humaine serait elle aussi menacĂ©e : perturbateurs endocriniens potentiels, les nĂ©onicotinoĂŻdes, dont on retrouve des rĂ©sidus sur les aliments d’origine vĂ©gĂ©tale, sont soupçonnĂ©s de causer certains cancers et d’altĂ©rer le neurodĂ©veloppement dès le stade fĹ“tal. Pressions sur les chercheurs, les dĂ©cideurs politiques et les autoritĂ©s de rĂ©gulation, financement d’Ă©tudes favorables Ă leurs produits, tests d’homologation biaisĂ©s : de leur cĂ´tĂ©, les lobbies de l’agrochimie brouillent les pistes pour entretenir l’immobilisme. Au sein de l’Union europĂ©enne, les principaux nĂ©onicotinoĂŻdes sont interdits depuis 2018, mais ces insecticides sont restĂ©s utilisĂ©s jusqu’en janvier 2023 sur dĂ©rogation, notamment en France pour la betterave sucrière… Lire la suite et regarder le documentaire.